Pour une première fois dans ma vie, j’ai décidé que le féminin allait l’emporter sur le masculin. En écrivant un message au nom d’un groupe de 25 personnes dont j’étais le seul homme, j’ai senti, en tant que féministe, une injustice au moment de devoir accorder un adjectif au masculin.

Plus qu’injuste, je trouve cette règle de la langue française absurde, règle qui stipule, lors de l’accord d’un adjectif, que le masculin l’emporte sur le féminin dès qu’une seule entité masculine se trouve dans le groupe.

Pour contrer cette injustice, j’ai donc essayé quelque chose : ne pas respecter la règle grammaticale et conjuguer le mot au féminin. Une seule lettre ajoutée, la simple lettre e, et toutes sortes d’émotions se sont emparées de moi. En écrivant la phrase « Nous serions définitivement prêtes à ce genre de concession », je me suis carrément senti effacé. Je me suis senti moins présent dans le groupe. Moins important. Mis de côté. Effacé.

Mais j’ai tout de même décidé de garder la phrase comme telle, conjuguée au féminin. Pour tester mes convictions. Pour affirmer ma position. Pour me mettre à la place des femmes qui doivent quotidiennement subir cette réalité.

Quel impact est-ce que la phrase « le masculin l’emporte sur le féminin » peut avoir lorsqu’on nous la martèle dès un jeune âge ? Des impacts conscients et inconscients, sur les femmes et les hommes, qui je doute soient positifs.

En attendant que les règles de la langue française changent, je crois qu’il faudra les briser. Briser cette forme de domination masculine. S’habituer que ce ne soit plus le masculin qui l’emporte automatiquement. Par respect pour les femmes, mais par respect pour nous aussi, les hommes en quête d’égalité.

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Je vous lance comme défi, chers hommes, de féminiser vos textes la prochaine fois que ce seront des femmes qui seront présentes en majorité.

Comment vous sentez-vous ?